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Octobre 2017

23 Octobre 2017 , Rédigé par GrantEcart Publié dans #Mes Préférés

La Malédiction du chat hongrois d'Irvin D. Yalom

La Malédiction du chat hongrois est une histoire de femmes. Paula, la courtisane de la mort, Irène, la veuve en colère, Magnolia, à qui Yalom rêve de confier ses propres tourments, Momma, la mère nourricière… Ces femmes auprès de qui le docteur Yalom n'a jamais eu peur de s'exposer, afin de mieux apprendre d'elles. Ces femmes que le docteur Yalom a aimées et qui ont marqué sa vie de thérapeute. Six récits où il explore l'âme humaine et le lien entre patient et thérapeute. Six récits, de la réalité à la fiction, où le docteur Yalom fait peu à peu place à Irvin D. Yalom, l'écrivain de Et Nietzsche a pleuré.

L’une des meilleures définitions de la psychothérapie – d’ailleurs citée par Irvin Yalom – a sans doute été donnée par un écrivain britannique, Thomas Hardy : « Si tant est qu’il existe un chemin vers le meilleur, il faut, pour le trouver, bien regarder le pire. »
Ce « pire », pour Sigmund Freud, était fait de nos pulsions et traumas refoulés. Pour le psychiatre américain Irvin Yalom, il faut plutôt oser regarder les questions existentielles qui nous assaillent lorsque nous cessons de nous agiter dans tous les sens. Ces sujets d’angoisse, inévitables à l’être pensant, se regroupent sous quatre grands thèmes : la conscience de la mort, la liberté, l’isolement et l’absence de sens. Nos conflits intérieurs, nos malaises même infimes seraient des stratégies ­inconscientes pour survivre à ces enjeux. Sa théorie, il l’a exposée en 1980 dans un texte magistral, Existential Psychotherapy (Thérapie existentielle), traduite enfin en français.
Elle nous arrive en même temps qu’un recueil de nouvelles où l’on retrouve l’habileté du psychiatre à raconter ce qui se passe – réellement – dans un cabinet de psy.
Particulièrement savoureuse, Double exposition répond à la question que tout patient se pose à propos de son psy : « Que pense-t-il vraiment de moi ? » Jubilatoire.
Pascale Senk

 

Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre

« Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après. »
Sur les ruines du plus grand carnage du XX° siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec Ses morts...
Fresque d'une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation, Au revoir là-haut est le grand roman de l'après-guerre de 14, de l'illusion de l'armistice, de l'État qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l'abomination érigée en vertu.
Dans l'atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâches reçus en héros, Pierre Lemaitre compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

L'animal et son biographe de Stéphanie Hochet

Ça commençait bien ...

Explorant le désir d'écrire et la situation du créateur dans la société, L'Animal et son biographe est un roman qui se déploie, tente d'égarer le lecteur pour mieux le rattraper avant de le surprendre à nouveau. Stéphanie Hochet commence par un portrait malicieux de « la romancière invitée en région », dans un festival intitulé Littérature en tongs, organisé près de Cahors. Sont prévues des rencontres dans un camping, une bibliothèque et une librairie. La narratrice y évoquera ses thèmes récurrents : l'homme et l'animal, la taxidermie. Derrière les anecdotes narrées sur un ton ironique, on sent la part vécue par les auteurs qui parcourent la France et répondent avec patience aux éternelles mêmes questions. Mais voilà soudain que le roman quitte la route, pour s'offrir un développement... carnassier, avec l'apparition du maire de Marnas, obsédé par l'aurochs, le bovidé préhistorique tout à coup ressuscité. La présence imposante de l'édile s'apparente à celle du Minotaure, qui entraînera la narratrice dans son labyrinthe — en l'occurrence, un « musée des espèces » dans lequel animaux empaillés ou « plastinés » rappellent certaines expérimentations nazies...

En glissant de la fantaisie quotidienne à l'effroi et à la sidération, Stéphanie Hochet réussit une fable prenante sur la puissance de l'inspiration qui efface les repères et rend le lecteur — comme l'auteur — prisonnier volontaire. On avance dans un dédale, mais il n'est jamais question de fermer ce bestiaire hitchcockien avant la toute dernière ligne. — Christine Ferniot

 

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