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A nos parents

4 Février 2020 , Rédigé par Fabien Publié dans #Fabien

Espiègle Yvonne,

Que nous as-tu quitté le 06/11/2016 à 14:05, toi qui par tes facéties a égayé nombres de vies, que ce soient tes plus récentes amies du foyer, tes accompagnantes, tes collègues farceuses ou tes amies de toujours.

Et que dire de nous, tes enfants. Qui pourrait croire ce que nous avons vu ou entendu, à nous tordre de rire à la moindre occasion car ton regard ou ton oreille captait la situation insolite ou le propos de guingois. Là où d’autres renchérissent, tu savais placer la première banderille, toujours où la piqure agace.

A propos de banderille, de mes sept à douze ans, et toujours avec le sourire, prêt à plonger dans un bain chaud, tu m’as injecté chaque samedi, une dose de cortisone dont j’ai toujours cru qu’elle n’était pas liquide. Ce n’est qu’au détour d’une conversation, il y a seulement quelques années, que tu  m’a lâché avoir bien cru me perdre. Toujours avec le sourire.

Et si ce n’était avec les mots, d’un simple clin d’œil et d’un mouvement de tête, tu savais attirer notre attention vers l’incongru, un peu piguette comme dirait ma sœur.

Ma sœur à qui je laisse la parole...

A nos parents
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A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
A nos parents
Papa,

Tu avais fait don de ton corps à la science il y a plus de 50 ans à notre grande surprise et sans trop savoir de quoi il en retournerait. Nous avions compris à demi-mots que tu ne souhaitais pas vivre très vieux et nous épargner toute démarche fort désagréable. Finalement, tu as préféré lutter jusqu'au bout et c'est à l'age respectable de 89 ans que nous as-tu quitté le 08/05/2019 à 05:34.

Tu m'as tout appris ou presque. L'amour du travail bien fait mais surtout voir le travail. Respecter le travail des autres. Être proactif quand le mot n'était pas à la mode ou n'existait peut-être même pas encore. L'honnêteté, la probité mais pas que, quand il fallait manger... La pêche fût-elle à la main (il y a prescription), la chasse aux canards (ne fussent-ils pas col verts), la cueillette des fruits abandonnés dans les vergers prodigues, la récolte des champignons, le jardinage écolo (monsanto (pas de pub)  n'existait pas), l'élevage des poules et des lapins qui réjouirent tant et plus nos dimanches, au point de nous en lasser parfois et que je regrette aujourd'hui tant ils étaient d'un goût ineffable et je ne parle pas de nostalgie.

Les dames, les cartes (belote ou tarot) et savoir perdre sans tricher mais pas sans râler...

Et le rire que tu générais avec tes histoires magnifiques que nous gobions tant elles paraissaient vraies. La meilleure et de loin étant celle où tu avais perdu le passager arrière de ta moto (une Triumph qui faisaient saliver les motards de l'époque), Marcel en l'occurrence, qui t'appris les bonnes manières après tes années d’orphelinat. Marcel, frêle et très frileux, à qui tu avais préconisé de mettre sa canadienne de devant derrière pour contrer le vent. Ton demi tour sur des chapeaux de roues après t'en être aperçu 2 ou 3 kilomètres plus loin. L’inquiétude te rongeant en devinant un attroupement. L'angoisse en percevant des cris déchirants. Et ces bonnes âmes qui tentaient avec force de remettre sa tête à l'endroit... Et nos cris à ces idiots ! Ne voyaient-ils pas les pieds dans le même sens que la tête... Pourquoi ne t'écoutaient-ils pas ? Que n'avons-nous ri après un bon quart d'heure de vociférations...

Nous, tes trois enfants. S'y joignit il y a 50 ans, une demi-sœur, dont maman connaissait l'existence d'un premier mariage. Ton côté secret nous a rattrapé il y a 5 ou 6 ans avec une autre demi-sœur que personne ne connaissait mais que tu as refusé de recevoir, à notre grand dam. Même ta fin proche, tu as persisté et cela nous est incompréhensible, d'autant plus suite à tes visites à la grotte de Lourdes et ton rapprochement à Marie. Toi qui vomissait, à juste titre, le clergé. Que n'as-tu fait œuvre de bonté pour cette fille en quête de père et de grand père pour ses enfants.

Le bilan reste positif à mon idée, mais qu'en sera-il pour l'autre monde ? Un doute qui t'a peut-être effleuré et t'a fait lutter jusqu'au bout du bout ?

Étant un impénitent incroyant, je ne peux te dire que combien je t'aimais et que je souhaite me tromper. Fabien

 

 

 

 

Papa,

Tu ne dois pas ignorer les difficultés pour un père à communiquer avec ses enfants.

Éduquer, aimer, accompagner, protéger, telles sont les tâches difficiles mais non insurmontables dont chaque père doit s'acquitter du mieux possible.

Mais communiquer !...

Malheureusement, tu n'as pas eu la chance de découvrir la difficulté d'un fils à communiquer avec son père, mais il s'agit bien de la même, fausse pudeur des hommes qui hésitent à dévoiler leurs sentiments.

Je remets chaque  jour au lendemain, l'heure de communiquer avec mes trois enfants, pour tout un tas de mauvaises raisons, pas le moment, pas l'endroit, pas le temps …

Et surtout j'ai le temps devant moi.

Avant que tu ne partes (je ne suis pas pressé bien que l'héritage semble se diluer dans l'océan de Seignosse), je veux te dire que je t'aime.

Plus que tu peux le penser, tu me sers de modèle.

J'ai toujours admiré ton courage à sauver de la noyade le premier enfant qui passait et même le second.

Ta probité t'a fait rendre un porte feuille garni de la dernière paie (peine) d'un ouvrier et ne t'empêcha pas de soulager d'une vasque "ébréchée" un Legate, patron tout juste oppresseur.

La vision du travail à faire et le goût du travail bien fait, sans vergogne je me les suis appropriés (je crois).

Comme tu l'a si bien dit à un professeur qui s'occupait aussi d'athlétisme, l'intelligence ne se mesure pas à l'instruction reçue (plus ils sont instruits plus ils sont cons) et je suis bien sûr que tu ne parlais pas que de moi …

Moi qui ne me rappelle de rien, le lac de Lourdes, le braconnage de la truite, la chasse (tu n'y étais pas le plus doué il me semble) sont autant de bons souvenirs passés ensemble.

 

 

 

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